
Date : 29/05/2025
Depuis quelques années, les intelligences artificielles génératives bouleversent notre rapport à l’image, à la voix, et à la création. Elles permettent de produire des vidéos, des visages, des voix ou des corps qui n’ont jamais existés, ou pire encore, qui imitent fidèlement ceux de vraies personnes. Entre fascination technologique et malaise éthique, un décalage se creuse : si ces outils peuvent servir l’art ou la créativité, ils peuvent également devenir des armes redoutables. Parmi les pires usages : le revenge porn à l’ère des deepfakes.
Le revenge porn (« pornographie vengeresse ») consiste à publier des images ou vidéos intimes d’une personne, souvent une ex-conjointe, sans son consentement. À l’origine, cela concernait des contenus réels volés ou partagés dans un contexte intime. Mais aujourd’hui, le développement des deepfakes permet de fabriquer de toutes pièces des vidéos sexuelles mettant en scène des personnes sans qu’elles n’aient jamais posé devant une caméra.
Ce fléau a pris une ampleur telle qu’il a fait l’objet d’un reportage poignant de Cash Investigation (France 2) diffusé en 2023. Des femmes y racontent comment leur vie a été brisée, leur emploi perdu, leurs familles désintégrées ; tout cela à cause d’une vidéo truquée ou diffusée sans leur autorisation.
Quelques références et articles clés :
Certaines vidéos IA font le buzz de manière plus ludique. Des personnages historiques qui chantent du rap, des politiciens qui dansent sur TikTok, des mèmes hilarants mêlant Harry Potter et Kaamelott. Ces créations, souvent signalées comme satiriques ou fictives, illustrent le côté lumineux et humoristique de ces technologies.
Exemples populaires :
- Des détournements de discours de Trump ou de Barack Obama en chansons.
- Des publicités imaginaires avec des célébrités.
- Des trailers de films rétrofuturistes créés avec Stable Diffusion ou FramePack.
Quand l’intention est claire, et que le contenu est créatif et respectueux, ces usages amusent et interrogent sur notre rapport au réel.
Le problème ne vient pas de la technologie, mais de son usage. Une vidéo IA peut être une prouesse technique, mais si elle met en scène une personne réelle sans son consentement explicite, le résultat est potentiellement dévastateur. Le lien avec les témoignages de la première partie est évident : une simple « blague » ou une « idée créative » peut se transformer en cauchemar public, viral, irréversible.
La frontière est claire :
- Une parodie assumée ? Pas de souci.
- Une exploitation sexuelle ou intime d’une personne non consentante ? Inacceptable.
En plus d’être éthiquement condamnable, cela peut aussi être légalement répréhensible dans de nombreux pays.
L’IA générative est un outil d’une puissance inégalée, capable du meilleur comme du pire. Comme l’imprimerie, la photographie ou Internet avant elle, elle ne porte pas en elle une morale. Ce sont les humains qui l’utilisent qui décideront si elle servira à créer, à rêver, à réparer…
… ou à humilier, à détruire, à dévaster.
L’avenir de l’IA n’est pas technologique. Il est moral. Et chacun de nous en est le gardien.
Auteur : Paullux / @paulluxwaffle Licence : CC BY-NC-SA 4.0
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